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Sens des responsabilités dans la gouvernance climatique
Article | Revue de métaphysique et de morale | 89 | 1 | 2016-03-04 | p. 103-118 | 0035-1571
Dès l’Antiquité, certains philosophes attribuaient aux climats une responsabilité causale envers les qualités morales des peuples. Dans un mouvement inverse, le climat est devenu global et partagé. Il enjoint les États de prendre leurs responsabilités pour veiller sur sa température globale moyenne. L’article présente le système climatique, son caractère composite et montre qu’on est bien loin d’en comprendre les interactions et les échanges d’énergie, d’eau et de carbone. Le réchauffement climatique repose sur la mesure de la température moyenne de toutes les températures locales en tous les points du globe. Elle ne correspond pas à une réalité physique immédiate, locale et perceptible, mais elle est une grandeur statistique. Avec la seule considération des effets des activités humaines créant un forçage externe brutal sur le système climatique on ouvre déjà un espace où plusieurs systèmes de responsabilités possibles peuvent s’entremêler ou s’ajuster. Le texte traite tour à tour du cadre normatif de Responsabilités communes mais différenciées (modes d’attribution de la production des gaz à effet de serre (GES), critères d’entrée dans la liste des États supportant principalement l’effort contre le réchauffement climatique, et mécanismes de participation à cette lutte), du lien conceptuel à établir entre types de justice pour l’atténuation des GES (distributive) et l’adaptation (correctrice) grâce à une responsabilité visant l’égalité des chances, et du problème de différents équilibres dans le partage des responsabilités dans le cas de responsabilités collectives et complexes. Ce problème est traité par la considération des théories éthiques d’arrière-plan, des conceptions et des fonctions de la responsabilité.